La communion mondiale de l'Eglise orthodoxe

Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron.

Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’enlève,

et tout sarment qui porte du fruit,

il l’émonde, pour qu’il porte encore plus de fruit.

Déjà vous êtes purs grâce à la parole que je vous ai fait entendre.

Demeurez en moi, comme moi en vous.

De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne demeure pas sur la vigne,

ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

Je suis la vigne ; vous, les sarments.

Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits ;

car hors de moi vous ne pouvez rien faire.

Évangile selon saint Jean, 15, 1-5

Patriarcats d'origine (de la Pentarchie)

Nouveaux Patriarcats et Eglises autocéphales


 

Une Communion mondiale chrétienne de plus de 300 millions d'âme

L’Église orthodoxe fait remonter sa fondation à la Pentecôte. Ce jour-là, le Saint-Esprit descendit sur le groupe des disciples du Christ. Ceux-ci, à ce moment, ne formaient qu’un groupe humain parmi d’autres, une sorte de fraternité. Pourtant ils avaient accompagné le Christ depuis son baptême au Jourdain jusqu’à sa Passion à Jérusalem, avaient cru en Résurrection et avaient assisté à sa glorification dans l’Ascension. Ils étaient à la fois les dépositaires de son enseignement et les témoins de son oeuvre, de ses miracles et de sa Résurrection.

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Cependant, cela n’était pas suffisant, il fallait que le Saint-Esprit les « conduise à la vérité tout entière ». En descendant sur eux, l’Esprit Saint a transformé ce groupe informel en l’Église. Il les a transformés en Apôtres, c’est-à-dire, littéralement en « envoyés ». Il leur a donné la plénitude de la sainteté, tant dans leurs personnes que dans leur assemblée, c’est-à dire l’Église. Par lui est apparue en eux l’Église une, sainte, catholique et apostolique en qui la plénitude de la vérité est présente comme une force, une vie et une lumière appelée à rayonner à travers le temps et l’espace jusqu’au Second Avènement, le retour du Christ en gloire.

Sous l’inspiration de l’Esprit, les Apôtres ont annoncé la Bonne Nouvelle du salut apporté par le Christ dans sa Résurrection, ils ont implanté des communautés qui entrèrent ainsi dans la communion de l’Église. C’est de l’inspiration, de cette vie dans la puissance du Saint-Esprit qui n’a cessé de souffler en elle à travers l’Histoire que se réclame l’Église orthodoxe et cela sans rupture depuis le temps des Apôtres.

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L’Église est, dans la perspective orthodoxe, beaucoup plus que la hiérarchie qui en forme l’ossature. Elle est l’ensemble du peuple de Dieu sanctifié par le baptême et partageant la même eucharistie, de ce fait tout entier uni au Christ dans son Corps et dans son Sang. La communion, fruit direct de l’Esprit Saint, constitue l’unité de l’Église, unité tellement forte et profonde que Saint Paul a pu assimiler l’Église au Corps du Christ, assemblé de manière organique, chaque membre étant inséparable de l’ensemble du Corps. Dans cette unité, Dieu est présent, selon l’enseignement du Christ : « Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». (Mt. 18, 20). C’est pourquoi l’Église doit aussi être comprise comme le sanctuaire de la présence de Dieu au sein du monde, un sanctuaire non fait de main d’homme, mais « temple de son corps ». Il est donné à tout homme de pénétrer dans ce sanctuaire, d’entrer dans cette communion par la foi et le baptême, afin de se sauver en participant à la vie divine accordée à chacun par les sacrements.

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L’Église orthodoxe confesse que seul le Christ est l’unique et véritable chef et prêtre de l’Église et qu’il est invisiblement présent en elle pour la guider dans l’inspiration de l’esprit. La direction de l’Église par le Christ ne peut se faire que de façon collégiale. C’est à travers le collège des évêques réunis en concile au nom de toute l’Église que s’exprime la vérité du Christ dans l’Esprit.

Dans sa structure conciliaire, l'Église orthodoxe est organisée en une communion d'Églises locales indépendantes (1), chacune gouvernée par un synode d'évêques présidé par un hiérarque portant soit le titre de Patriarche (on parle alors de « Patriarcats » pour ces Églises), soit les titres d'Archevêque, de Métropolite, ou de Catholicos. L'indépendance de ces Églises locales est réelle, tout en demeurant dans le cadre de la communion ecclésiale. Chacune a son identité et ses caractéristiques propres, au sein de l'unité de foi et dans le même ordre canonique, dans le même esprit de la Tradition de l'Église tout entière.

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À partir du cinquième siècle et jusqu'au schisme de 1054, l'Église comprenait cinq Patriarcats : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem ; c’est l’ancienne « Pentarchie ».

L'Église de Constantinople comprenait l'Asie mineure, la Grèce et « les terres barbares », c'est-à-dire en fait les terres non-chrétiennes situées hors de l'empire. Le Patriarcat d'Alexandrie couvre l'Égypte et l'Afrique toute entière. Le Patriarcat d'Antioche s'étend depuis les origines à tout le Moyen-Orient, à l'exception de Jérusalem et de la Palestine qui dépendent du Patriarcat de Jérusalem. Rome étendait alors sa juridiction sur tout l'Occident.

Après le schisme, Rome s'étant séparée de la communion de l'Église, la primauté au sein du collège revint au Patriarcat de Constantinople qui porte le titre d' « Œcuménique », l'Œcuménique étant à l'origine l'ensemble des terres habitées, c'est-à-dire, en fait, l'empire romain. Le Patriarcat de Constantinople est responsable des terres encore non constituées en Églises locales.

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Lorsque, à la suite de ses missions, l'Église orthodoxe a accueilli de nouveaux peuples dans sa communion, ou lorsque les aléas de l'Histoire ont imposé des divisions géographiques ou politiques, de nouvelles Églises locales se sont établies de manières très diverses. A l'heure actuelle, les archidiocèses Europe occidentale, Les Archevêchés de Finlande, d’Estonie, La république monastique du Mont Athos, l’Archevêché de Crète, l’Archevêché du Dodécanèse et de Patmos, les Archevêchés d’Amérique du Nord, du Canada, d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et la mission de Corée, la Métropole de Hong-Kong et d’Asie avec les missions en Inde, Indonésie, Thaïlande et Philippines, dépendent du Patriarcat œcuménique.

Le Patriarcat d’Alexandrie développe actuellement une œuvre missionnaire très importante en Afrique ; l'Eglise Russe a établi des missions sur toute la Sibérie, en Chine et jusqu'au Japon, en Amérique du Nord en Alaska et sur la Côte Ouest.

Les rapports entre les Églises locales se font dans une profonde harmonie au sein de cette diversité.

 

1 L'indépendance d'une Église locale s'exprime avant tout par la faculté d'établir elle-même son propre primat (on l'a dit alors autocéphale), par élection au sein du synode des évêques qui gouverne cette Église, sans l'intervention directe d'une autorité ecclésiastique extérieure. L'Eglise orthodoxe est officiellement composée de 14 Églises autocéphales (Patriarcats de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, qui formaient l'ancienne Pentarchie avec Rome avant le schisme ; Patriarcats de Russie, de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie, de Géorgie, Églises autocéphales de Chypre, de Grèce, de Pologne, d'Albanie et de Tchéquie et Slovaquie).