Marseille peut s’enorgueillir de posséder dans son patrimoine architectural un élégant édifice religieux du début du 19ème siècle dont la première originalité est de présenter une collection importante d’icônes uniques pour la ville. Près de quarante icônes du 18ème siècle au 20ème siècle sont rassemblées dans l'église ; un grand nombre d'entre elles sont originaires de Russie.
L’ensemble du lieu de culte témoigne de l’histoire du passé économique de la Ville lors de son entrée dans la « révolution industrielle », ainsi que d’une intégration communautaire parfaitement
réussie grâce à un mariage des cultures opéré en profondeur.
A- Deux mots d’histoire : Au tournant du 18ème siècle des jeunes gens de familles grecques aisées, originaires d’Anatolie, de la mer Noire, des Iles de la Mer Égée voire de Constantinople, décident d’unir leur sort à la société nouvelle, engendrée par l’esprit de 1789. Ils retrouvent sur place des populations militaires de retour des campagnes napoléoniennes ainsi que des familles de marins.
Ils s’engagent résolument dans la vie économique de Marseille, où ils excellent dans le domaine du négoce céréalier et textile. Ils pratiquent le mécénat et sont à l’origine de nombreuses initiatives sociales, sportives et culturelles. Une plaque commémorative de cet apport ancien à la vie de la cité a été apposée récemment dans le Carré des Grecs du cimetière principal de la ville.
En 1820, ils sont assez nombreux et fortunés pour organiser leur société autour de leur culte d’origine, fondé à Pâques de cette même année. Le premier desservant sera l’Archimandrite Arsène YANNUCOS, aumônier réserviste de l’armée bonapartiste, résidant à Paris. (Cf. ECHINARD Grecs et philhellènes à Marseille 1789 - 1820).
De 1914 à 1922 des centaines de familles chrétiennes chassées d'Anatolie où obligées d'émigrer des îles du Dodécanèse ont été accueillies à Marseille par ce qu'elles appellent encore « la Mère Église ». Elles ont trouvé refuge dans les quartiers populaires du centre-ville : l’Îlot des Carmes, du Panier, et des « Vieux Quartiers » du Port. À côté des Italiens du sud, des Arméniens, des Corses et des Juifs descendants des « Romaniotes », ils ont tissé l'esprit « d'espérance » propre à leur cité d'accueil.
Aujourd'hui, après la quatrième génération, on les compte par milliers dans tous les secteurs socio-économiques, scientifiques et culturels locaux.
B- Le bâtiment : bien que datant de 1835, il conserve encore le style empire et ne s’alourdit en aucune façon d’emprunts orientalistes qui auront cours à Marseille dans les années suivantes.
Il fait droit aux obligations incontournables du culte grec sans toutefois négliger le contexte religieux de son époque ; par exemple : la présence atypique pour le culte orthodoxe de vitraux d’excellente facture dont la conception est l’œuvre d’artistes marseillais et dont le champs artistique est d’appartenance catholique. Le contenu religieux reste, cependant, iconographique (par exemple le vitrail monumental de la Dormition de la Mère de Dieu.)